nuit du 1er au 2 Janvier
Ton visage dans un rêve,
et toutes ces fois où ton regard fixait les traces d’amour sur mon visage.
Tu souriais, tu disais “j’ai hâte de lire ton premier livre”, comme si tu ne m’avais jamais quittée, comme si je te connaissais toujours.
J’ai ri, je n'arrêtais plus de rire, car je ne parviens plus à finir d'écrire ni poème ni lettres, alors un livre…
Ton visage dans un rêve,
plus aucun sentiment au réveil. Comme un fantôme incompétent, ton absence n’avait ni goût, ni couleurs.
J’ai ouvert les yeux, soulagée de réaliser que ton visage n’était rien d’autre que l’écho d’une vieille douleur.
Sans questions, sans doutes, j’ai laissé le souvenir du rêve faner, car j’ai perdu l’habitude de m'accrocher à l’amour brisé pour me prouver qu’il existe, qu’il persiste au moins.
Des tours dans mon lit,
l’alarme a sonné, une, deux, trois fois. Mais je ne voulais pas, je ne pouvais pas me jeter à nouveau dans la gueule du monde. Ce mauvais monstre indécis qui pousse le soleil à venir et disparaître, venir et disparaître…. Ciel bleu ? ciel gris ? quelle couleur aujourd’hui ?
Certains jours, j’ouvre les yeux avec l’impression d’être assoiffée, d’avoir marché la nuit entière dans un désert de souvenirs flous qui se mélangent à des envies moisies.
Des tours dans mon lit,
je déteste le souvenir d’un rêve. Je me méfie de la réalité méchante qu’il prémédite.
Quand le songe dépasse ses limites, qu’il vient hanter le petit matin, bouleverser l’âme pourtant sûre d’elle, alourdir les mots avec lesquels la mort s’amuse.
Quand je tourne et tourne sur mes oreillers des heures durant, les idées mélangées par
ton visage… dans un rêve.
Plus rien ne me choque, plus rien ne m’attriste,
ni même les sottises d’un passé ironique. Pourtant, j’ai fixé le plafond ce matin-là, comme terrifiée de mettre un pied sur le sol. Terrifiée de ne pas tenir debout, d’avoir oublié comment marcher, comment courir. Terrifiée de ne plus faire confiance à mes pieds, de ne plus être sûre qu’ils me mènent au bon endroit. Ne plus être sûre d’être au bon endroit.
Plus rien ne me choque, plus rien ne m’attriste,
car j’existe toujours, j’écris toujours, je marche toujours, même après tous les caprices de mes songes sinistres. Parfois, je me réveille avec l’intime conviction que je me suis trompée de chemin, que j’ai pris la mauvaise voie. Je n’aime plus ma vie ni ma tête, et je passe la journée à essayer de trouver un moyen de fuir avec le soleil.
Et la nuit revient. Et avec elle ton visage… dans un rêve.
Tu as hâte de lire mon premier livre, et moi donc.
Je ris, je rêve. J’en ai la preuve : penche toi, regarde là, sur mon visage vague,
au bord de mes yeux cernés,
naître l’ombre d’un mauvais poème.