Lorsque l’année passée frappe contre les parois de son urne,
je m’assois sur la Lune ou sur Saturne
avec une main blessée, ou une peine létale,
là où les étoiles transpercent le vide de promesses de cristal,
là où le silence est maître et noie les vains hurlements
des derniers souvenirs et de leurs vilains ricanements.
Lorsque les mots sont comme des couteaux festifs,
ceux que l’on sort seulement pour les soirées de givre ;
Noël, enterrements et Adieux hâtifs,
je reste au lit des heures à supplier le petit matin de m’apprendre à vivre.
De m’apprendre à marcher lorsque les lettres me piquent.
De m’apprendre à danser lorsque les mots me coupent.
De m’apprendre à parler lorsque les phrases me brûlent.
Mais surtout, à aimer lorsque les pages blanches
s’enferment dans une grève de silence.
Lorsque mes doigts n’ont plus le temps de sauver ma voix,
et que l’encre ne coule plus au même rythme que les larmes,
je suis privée d’un monde où s’éveille la joie,
en dehors du temps qui s’empresse de faire fuir les âmes,
et j’observe, au loin, l’année passée,
avec la solitude comme garant d’un cœur muet.
Chacun a fait l’épreuve du temps mauvais,
du temps qui passe et qui passe
sans laisser de place à la douceur de la rosée,
ni aux rires des enfants de l’école d’en face,
ni aux lents espoirs qui montrent à l’hiver
que la patience réconforte colère et misère.
Chacun connaît le manque d’espace pour les idées,
le manque de place pour les pensées, les murmures,
qui ne parviennent pas à suivre cette folle allure,
ni à rattraper le temps qui court vers Janvier.